Evitez la forêt par grands vents !

Sacha Van Cauter est garde-forestier en forêt de Soignes.  Il nous rappelle que, comme tout milieu naturel, la forêt est dangereuse par grands vents et qu’il ne faut alors pas y circuler. En vérifiant les conditions météo avant votre visite et en laissant le temps au personnel forestier de la sécuriser après une tempête, vous y circulerez en sécurité. 

La forêt de Soignes n’est pas un parc… mais une forêt

La forêt de Soignes (4.383 hectares répartis sur 3 Régions) est une zone Natura 2000 avec des obligations légales concernant les arbres ‘habitats’ (diamètre important, présence de trous de pics, gros lierres, champignons, arbres morts, branches cassées …).  Ces arbres sont intéressants pour la faune, pour la flore et plus globalement pour la biodiversité (oiseaux, papillons, araignées, chauve-souris, mousses, lichens et champignons).  Ces arbres habitats présentent malheureusement un risque de chute accru.  

Plus globalement, les arbres sont de plus en plus fragilisés par le changement climatique, qui s’exprime notamment par une fréquence croissante d’événements extrêmes (sécheresse, canicules, pluies intenses, tempêtes).

Les conditions météorologiques y exercent aussi leur influence :

  • Pendant les périodes pluvieuses, les sols sont parfois saturés en eau et donc plus meubles.   Les arbres sont alors moins bien ancrés dans le sol.
  • Lorsqu’il neige, les branches d’arbres et parfois l’arbre entier peuvent casser sous le poids de la neige qui s’accumule dans le houppier ou faire basculer l’arbre (on appelle cela un chablis).
  • Au printemps et en été, les feuilles et les fruits rajoutent un poids supplémentaire sur les branches. Les feuilles augmentent la prise au vent et accumulent les gouttes d’eau lorsqu’il pleut ce qui ajoute encore du poids sur les branches.

De plus, la présence des promeneurs et vététistes a fortement augmenté ces dernières années. Les passages répétés en dehors des sentiers provoquent le tassement et l’érosion des sols, néfastes à la santé des arbres et des plantes. Raison pour laquelle il est demandé de ne circuler que sur les chemins officiels.

Le personnel forestier assure la surveillance des peuplements forestiers afin d’éviter les phénomènes de chute d’arbres ou de branches.   Des coupes de sécurité sont réalisées sur les arbres affaiblis par leur âge, les maladies ou les intempéries.  Une attention spéciale est portée aux arbres le long des chemins pour vous permettre de fréquenter la forêt en toute sécurité.

Malgré toutes ces mesures de prévention, le risque est bien présent en cas de tempête ou de vents violents.  Il est impératif que les promeneurs en prennent conscience et évitent de fréquenter la forêt. 

Grands vents ?

Les gestionnaires de la forêt, en collaboration avec l’IRM suivent l’évolution des conditions climatiques. Quand les conditions le requièrent (généralement vents de rafales dépassant 80km/h, l’IRM parle de code jaune, orange ou rouge), la décision de restreindre l’accès à la forêt est prise. Des avis de tempête sont relayés par les médias.  A Bruxelles, de la rubalise est posée à certaines entrées de la forêt et les parkings forestiers sont fermés.  La forêt est alors interdite d’accès !

Il n’est bien sûr pas possible de fermer chaque chemin qui mène à la forêt.  De plus, les rubalises sont régulièrement arrachées par des inconscients.  Il est donc important que les visiteurs se comportent de manière responsable, s’informent des conditions météo* avant d’aller se promener et évitent de s’y rendre lorsque les prévisions ne sont pas propices. 

Lorsqu’une tempête est annoncée, les heures de début et de fin prévues par l’IRM sont approximatives. La tempête peut arriver plus tôt ou plus tard que prévu et les conditions en forêt peuvent complètement changer en quelques minutes, il est donc fortement déconseillé de se rendre en forêt dès qu’un événement est annoncé. Le dramatique accident survenu au parc de Wolvendael lors de la tempête de juillet 2024 en est un triste exemple :  un nouveau-né a perdu la vie à la suite d’une chute de branche une heure avant le début du code jaune de l’IRM.

Après la tempête 

Après une tempête, les services forestiers parcourent les centaines de kilomètres de drèves, chemins, sentiers, pistes cyclables et pistes cavalières, lisières avec les propriétés riveraines en commençant par les drèves et chemins les plus fréquentés. Ils recherchent des arbres déracinés, encroués, avec des branches cassées (parfois encrouées à plusieurs mètres au-dessus d’une voirie) ou tombés en travers des voiries. Ils vont également vérifier les arbres ayant des problèmes sanitaires connus et fichés qui sont dès lors plus sensibles en cas de tempête.

Les gardes et surveillants forestiers indiquent aux équipes d’ouvriers où se situent les arbres ou branches à risque. Si l’intervention est considérée comme dangereuse, une équipe spécialisée est appelée afin de faire le nécessaire. Cela peut cependant parfois prendre plusieurs jours car la tempête ne touche pas que la forêt et des arbres doivent souvent être sécurisés en ville par ces équipes spécialisées. Certaines voiries peuvent donc temporairement être fermées plusieurs jours.

L’accès à la forêt peut se faire une fois que la forêt est sécurisée. Ici encore, le bon sens est de mise.  Mener à bien ce travail d’inspection et sécuriser la forêt nécessite du temps.  Plus la tempête est importante, plus la charge est importante.    Vous avez un doute ? Repoussez votre visite !  Et n’hésitez pas à signaler aux services forestiers un danger encore présent après l’ouverture.                                                           

Conclusion

Il est indispensable que le public respecte les mesures d’interdiction en cas de tempêtes.  Comportez-vous de manière responsable en vérifiant les prévisions météo avant votre visite.  Laissez du temps au personnel forestier pour sécuriser la forêt après une tempête.

Le comportement de certains promeneurs inconscients n’est pas tolérable : arracher des rubalises interdisant l’accès à la forêt, accéder à la forêt malgré le danger…

Les services forestiers entendent toutes sortes d’argument lorsqu’ils essayent de sensibiliser le public à ce risque mais face à l’argument tellement entendu du « Je suis responsable, je circule en forêt à mes risques et périls » ils ne peuvent que répondre « Non, pas seulement : c’est aussi aux risques et périls des personnes qui devront porter secours à l’inconscient ! ».  Le gendarme De Ridder mort durant la tempête de 1990 en venant porter secours à des inconscients reste dans la mémoire des plus anciens.

Sacha Van Cauter, Garde-forestier chez Bruxelles Environnement

*Consultez la légende vent de l’IRM – Institut Royal Météorologique et abonnez-vous ici à leurs avertissements en cas d’orages.

Photos par: Willy Van De Velde (1, 2, 3), Gijs Van kerckhoven (4), Bram Aertsen (5, 6), Bernard Frippiat (7) & Bart Swerts (8)

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