« Ceci n’est pas un chemin »

Pourquoi il est important de rester sur les chemins officiels dans la forêt.

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous rendre en Forêt de Soignes pour nous détendre ou nous dépenser lors d’une belle journée ensoleillée. Que nous soyons à pied ou à vélo, en mode sportif ou contemplatif, cette forêt exceptionnelle nous accueille gratuitement, sept jours sur sept, pour notre plus grand plaisir. Dans ce havre de paix, de silence et de calme, nous redécouvrons des arbres centenaires, des étangs et ruisseaux sources de vie, et une faune souvent discrète mais qui se révèle aux observateurs les plus patients.

Et, parfois, l’envie nous prend de sortir des sentiers battus pour observer un arbre particulièrement impressionnant ou un chevreuil dissimulé dans les fourrés, pour nous poser à l’abri des regards avec un livre ou un pic-nic, pour prendre un raccourci, pour ajouter un peu d’aventure à notre circuit VTT qui n’en manque pourtant pas, construire une cabane avec les enfants ou rajouter une étape plus sauvage sur la promenade quotidienne de notre compagnon à quatre pattes. Mais sortir des chemins officiels n’est pas sans danger ni conséquences pour cette forêt que nous aimons tous. Explications.

En Forêt de Soignes, il n’existe finalement que deux types de chemins : les chemins officiels et les chemins sauvages.

Les chemins officiels sont tracés et entretenus par les gestionnaires de la forêt et permettent aux visiteurs de se déplacer facilement en limitant leur impact sur les écosystèmes, la faune et la flore. On peut généralement les identifier à chaque croisement par un panneau ou poteau portant leur nom (drève, sentier, chemin) et un ou plusieurs pictogrammes indiquant à quels modes de transport ils sont réservés (à pied, à vélo et/ou à cheval). Ces chemins officiels sont repris sur les cartes affichées aux portes d’entrée de la forêt, sur notre application de cartographie RouteYou et sur OpenStreetMap. Au total, 350 kilomètres de chemins forment un vaste réseau récréatif ou chaque type de visiteur peut trouver son compte : marcheur, joggeur, cycliste, vététiste, cavalier.

Un chemin officiel en Forêt de Soignes, avec son poteau indicateur portant le nom du chemin (sur le côté) et deux pictogrammes montrant à quels usagers il est réservé (ici aux promeneurs dont le chien est en laisse et aux cyclistes).

A l’opposé des chemins officiels, les chemins sauvages sont créés spontanément par le passage de visiteurs en dehors du réseau autorisé. Ils ne sont pas repris sur les cartes officielles, ils ne sont pas entretenus par les gardes forestiers et, par définition, ils sont interdits d’accès au public.

Dès lors, comment savoir si le chemin face à vous est officiel ou sauvage ?

Facile ! Un chemin sauvage ne sera jamais repris sur les cartes officielles, il n’aura jamais de poteau indicateur avec un nom et des pictogrammes d’accès. Souvent, il sera envahi par la végétation et son accès sera bloqué par les gardes forestiers avec des branches ou des troncs d’arbres, même si ces obstacles sont parfois enlevés par des visiteurs ne connaissant pas encore les bons gestes en forêt.

Un chemin sauvage en Forêt de Soignes, sans poteau avec un nom ou pictogramme, et dont l’accès est entravé par des branches placées par les gardes forestiers. S’engager sur un tel chemin endommage la forêt et vous expose à une amende.

Mais pourquoi est-il interdit de sortir des chemins, après tout ?

Pourquoi ne pourrions-nous pas, après deux années de restriction de liberté, profiter de la nature comme bon nous semble et nous rendre n’importe où en forêt ? Ce sont des questions légitimes et il est important d’y répondre en toute transparence pour que nous comprenions tous les risques que nous prenons et faisons encourir à la forêt par nos actes.

Sortir d’un chemin officiel, c’est avant tout se rendre dans des zones qui ne sont pas destinées à accueillir le public pour des raisons de sécurité et de protection de la nature. Car la forêt n’est pas sans risques – si les gestionnaires sont responsables de la sécurité des visiteurs sur les chemins officiels, ce n’est pas le cas dans les zones interdites au public. Traverser ces zones sauvages, c’est s’exposer au risque de chute de grosses branches et d’arbres morts laissés sur pied pour accueillir les pics, chouettes, écureuils et chauves-souris. C’est aussi traverser des fourrés denses et zones de fougères où l’on retrouve la plupart des tiques pouvant transmettre la maladie de Lyme et d’autres maladies graves.

Mais c’est aussi traverser des zones naturelles fragiles, avec de jeunes arbres, des plantes rares ou protégées, des mousses et des champignons, tous susceptibles d’être détruits ou endommagés par le passage de randonneurs ou de cyclistes. De plus, des crapauds, des salamandres, des rongeurs, des insectes rares et d’autres animaux nocturnes passent leur journée cachés sous les feuilles mortes et risquent d’être blessés ou tués par inadvertance. Hors des chemins officiels, le sol lui-même est susceptible d’être compacté sous les pas des promeneurs et les roues des cyclistes, ralentissant le développement des racines des jeunes arbres et endommageant les réseaux des champignons essentiels à la survie de nos forêts.

Le passage d’une seule personne reste visible pendant des jours ou des semaines dans les feuilles mortes, incitant d’autres personnes à emprunter le même raccourci et transformant peu à peu une zone sauvage en lieu de passage régulier. Et, finalement, ces chevreuils que nous admirons tant, les chouettes et salamandres, qui avaient tous trouvé refuge loin du passage des humains se trouvent à nouveau dérangés dans leurs derniers retranchements.

Dès lors, pour limiter les risques d’accident et les désagréments à la faune et à la flore, pourquoi ne pas profiter des bienfaits de la nature sans quitter les chemins officiels ? La forêt est vaste, le réseau officiel très étendu, et il est facile de trouver des sentiers vous menant à des zones plus calmes au cœur du massif, loin des sentiers fréquentés par les autres promeneurs.

Au départ des portes d’accès, partez à l’aventure et essayez un nouveau sentier à chaque promenade pour découvrir de nouveaux recoins que vous pourrez ensuite faire découvrir à d’autres ! Pour les familles, il existe des zones de jeux où les enfants et leurs parents peuvent sortir des sentiers, déplacer les bois morts pour construire des cabanes et s’amuser sans menacer les zones plus fragiles. Pour nos compagnons à quatre pattes, il existe aussi des zones ‘chiens en liberté’, clôturées ou non, où nos chiens peuvent se défouler et donner libre cours à leur instinct sans risque pour la faune et les autres usagers.

En conclusion, il ne tient qu’à nous de respecter les bons gestes en forêt pour profiter de pleinement de notre visite tout en réduisant notre impact sur cette forêt que nous aimons tant. En restant sur les chemins officiels, en respectant les pictogrammes d’accès, nous participons à la protection de la faune et de la flore et montrons notre respect pour cet endroit exceptionnel dont nous sommes si fiers.

Si vous rencontrez un chemin sauvage, vous pouvez toujours le signaler aux gardes ou surveillants forestiers afin qu’ils en bloquent l’accès, ou communiquer la localisation, si possible avec une photo et une description via ce formulaire de contact.

A gauche, un chemin sauvage dont l’accès est clairement barré par une branche diverge d’un chemin officiel (à droite). S’engager sur un tel chemin est interdit et dommageable pour la faune, la flore et l’écosystème forestier en général.
En 2021 et 2022, une étude a été réalisée en région bruxelloise sur la partie ouest de la Forêt de Soignes afin d’identifier tous les endroits où les visiteurs sortaient des chemins officiels en laissant derrière eux les traces de leur passage. Pas moins de 155 ébauches de chemins sauvages qui ont été identifiés, localisés et photographiés par des bénévoles de la Fondation Forêt de Soignes.

Texte et photos: Stéphane De Greef pour la Fondation Forêt de Soignes, août 2022

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