La présence du sanglier en forêt de Soignes 

Le sanglier est l’un des plus gros mammifères sauvages d’Europe. Il peut peser jusqu’à 300 kg. Ses larges empreintes au sol montrent, de part et d’autre des sabots, les traces des deux doigts rudimentaires, ce qui permet une reconnaissance facile de sa présence. Vivant dans les zones arborées, il recherche la quiétude et le couvert. Il se nourrit de glands, châtaignes, faînes, vers et larves, rhizomes, plantes forestières herbacées ou arbustives, petits rongeurs… et a besoin de beaucoup d’eau. La forêt de Soignes représente donc un environnement accueillant pour cet animal.

Le retour du sanglier en Forêt de Soignes

Le sanglier avait disparu de la forêt de Soignes depuis 1917. Depuis plusieurs années, il est de retour. Les premiers individus ont été repérés au cours de l’hiver 2006.

Comment sont-ils arrivés là ? Les scientifiques ont émis différentes hypothèses. Leur arrivé en forêt de Soignes peut-être naturelle en provenance de forêts proches du Brabant où ils étaient installés à la recherche de nouveaux territoires. Mais il est également possible que ce retour soit dû à une introduction clandestine volontaire. A ce stade, aucune des deux hypothèses n’a pu être tranchée. Mais ce qui est certain, c’est que les sangliers présents en forêt de Soignes sont bien des sangliers sauvages.

Le nombre d’individus pourrait augmenter dans le futur. Chaque année, les laies font plusieurs mises bas (2 à 3 selon les conditions météorologiques et l’abondance de nourriture) qui comprend de 4 à 7 marcassins. L’espèce peut donc se révéler très prolifique si toutes les conditions nécessaires à sa survie sont réunies. Etant donné la régénération naturelle de la forêt, l’actuelle politique de rajeunissement et de diversification des peuplements du massif, la forêt de Soignes devient un habitat de plus en plus favorable au sanglier. De plus, la réalisation de passages pour la faune (écoducs, écotunnels…) a permis de relier des zones de forêt autrefois morcelées par des axes routiers et ferroviaires.

Evaluation de la population en forêt de Soignes

Il est difficile d’avoir une estimation exacte de la population de sangliers actuellement présente en Forêt de Soignes. Nous avons interrogé deux gardes-forestiers pour avoir une idée sur le sujet.

Kevin Knevels est garde-forestier de la Donation Royale à l’Arboretum de Tervuren:  Les sangliers de l’arboretum de Tervuren : de l’esprit de la forêt au touriste d’un jour.

En 2016, j’ai commencé ma carrière de forestier à l’arboretum géographique de Tervuren et au Bois des Capucins attenant. Ces sites sont situés entre Tervuren et Jezus-Eik qui diffère du reste de la forêt de Soignes. L‘arboretum se compose d’une collection d’arbres et le Bois des Capucins de chênes indigènes comprenant principalement de vieux chênes pédonculés (Quercus robur). Au début, un seul sanglier, surnommé “Guus” fréquentait ces domaines. Guus était un grand sanglier adulte, un peu timide. Nous ne l’avons rencontré que lors d‘inventaires en forêt, au cours desquelles il réagissait nerveusement et disparaissait souvent de notre vue à pas maladroits. La paix n’a pas duré longtemps car en 2018, nous avons vu émerger deux jeunes célibataires qui ont visité ces parties de la forêt de façon furtive. Apparemment, ils étaient en reconnaissance car en hiver 2019, ils sont revenus ne craignaient pas de se montrer. Nous avons pu les repérer plusieurs fois par semaine pendant les travaux de gestion. Nous avons même pu les filmer à une distance de moins de 10 mètres. Ils se sont installés et nous avons constaté des dégâts croissants dans les prairies du domaine et même sur les terrains de golf voisins. Rapidement, d’autres sangliers sont venus s’installer et nous avons pu observer, sur les caméras installées pour l’observation de la faune sauvage, la première laie avec des marcassins. En raison de l’abondance de nourriture en hiver, des endroits de refuge et des hivers doux, la population a augmenté de façon exponentielle et nous avons régulièrement vu des compagnies de sangliers composées de 20 à 50 bêtes !

Nous pouvons donc conclure que le sanglier a trouvé sa place dans l’arboretum et s’y sent bien. L’absence de pression de chasse les rend moins craintifs et on peut les observer d’assez près même pendant la journée. Les visiteurs peuvent ainsi souvent les observer dans leur milieu naturel Notre message est le suivant : profitez de leur présence mais traitez-les avec respect. Les sangliers sont un atout pour l’écosystème. Ce sont des animaux sauvages. Tenez-vous à distance, tenez votre chien en laisse, ne les approchez pas, et gardez votre calme. Ils en feront de même !

Bart Swerts, garde-forestier du triage du Rouge Cloître

Depuis la fin de l’hiver 2022, nous avons trouvé des traces de sanglier dans la partie Bruxelloise de la forêt de Soignes, sur le territoire des communes de Woluwe-Saint-Pierre, Auderghem et Watermael-Boitsfort.

Jusqu’à présent, sa présence reste très discrète et nous n’avons à déplorer aucun conflit avec les promeneurs de la forêt, à l’exception d’un accident sur la E411 le 27/03/22.

Personnellement, je me réjouis de son retour dans l’écosystème, car il enrichit la diversité à tous les niveaux.

Doit-on se réjouir ou craindre le retour du sanglier en forêt de Soignes ?

La présence du sanglier s’avère bénéfique à l’écologie de la forêt. En fouinant la terre à la recherche de nourriture (champignons, tubercules…), il assure la dissémination des graines et leur enfouissement ; il ‘travaille’ l’humus, aérant ainsi les sols forestiers. Omnivore, il mange aussi de petits rongeurs dont il régule la population. Sans compter les larves d’insectes parasites pour de nombreuses plantes, dont il s’accommode fort bien. Cependant, lorsque la nourriture se fait plus rare, le sanglier n’hésite pas à sortir de la forêt, causant des dégâts dans les champs, les prairies ou les jardins situés en lisière. Ils peuvent également constituer un danger pour la circulation routière.

La présence d’une population de sangliers en Forêt de Soignes est une bonne nouvelle pour la forêt, tant qu’elle reste dans des limites raisonnables. Elle demande donc d’être suivie.

Gestion de la population de sangliers

Pour éviter la surpopulation et le fragile équilibre forestier du massif, les sangliers de la forêt de Soignes sont étroitement surveillés. Afin de maintenir la population à un niveau acceptable et de minimiser les dommages causés aux zones environnantes, une coopération a été développée avec les différents acteurs de la forêt : gestionnaires forestiers et propriétaires forestiers privés, secteur de la protection de la nature, secteur agricole, secteur de la chasse-.

La gestion de la population de sangliers en Forêt de Soignes doit se faire en tenant compte des législations (portant sur la nature et sur la chasse) propre à chaque région. Les gestionnaires forestiers ont –initié- une étude scientifique coordonnée, qui a permis de déterminer une stratégie interrégionale de gestion du sanglier en forêt de Soignes.

Des mesures concrètes et interrégionales ont déjà été prises. Ainsi, les clôtures ont été installées il y a quelques années le long du ring et de la E411 qui traversent la forêt de Soignes afin de réduire les risques d’accidents.  Les mesures préventives telles que le placement de clôtures autour des parcelles sensibles aux dommages sont encouragées (golfs, jardins privés…).  Des conseils pour leur mise en œuvre sont bien décrits sur les sites internet des administrations concernée.  Des actions de régulation sont également organisées, hors de la forêt et des zones urbaines, surtout pendant les mois d’hiver, lorsque les zones agricoles sont dépourvues de culture. Dans certains cas, des compensations sont prévues en cas de dommages. La stratégie mise en œuvre vise à éviter d’effrayer les sangliers pour les maintenir en forêt et ainsi éviter qu’ils n’aillent causerait des dégâts dans les environs. 

Que faire en cas de rencontre ?

Si vous restez sur les chemins, vous ne devriez pas rencontrer de sanglier lors de votre promenade en forêt.  Farouche, l’animal évite le contact avec l’homme, préférant s’enfuir ou se cacher. De plus, il est surtout actif la nuit, à l’écart des chemins, dans les zones broussailleuses.   Veillez cependant ce que votre chien n’aille pas le déranger dans ses endroits de refuge, dans le sous-bois. 

Néanmoins, si vous deviez rencontrer un sanglier, restez à distance, ne vous approchez pas. N’ayez pas de comportement brusque qui pourrait l’effrayer. En effet, habituellement paisible, il n’hésitera pas à charger s’il se sent menacé ; surtout si l’animal est blessé ou s’il s’agit d’une laie qui veut protéger ses petits. Restez donc immobile, ne lui barrez pas le chemin et attendez qu’il s’éloigne. 

Si vous voyez un sanglier au cours de votre visite en forêt de Soignes, signalez-le via Observations ou via ce formulaire de contact.

En savoir plus :

Dans les trois Régions, les dommages sont répertoriés afin de développer une stratégie de prévention.

Wallonie:

Le site de référence

La page dédiée aux dégâts

Bruxelles:

Le service forestier de Bruxelles Environnement peut répondre à vos interrogations liées au sanglier. Il fournira également, sur demande, les informations utiles à la mise en place de clôtures.

Flandre:

En Flandre, les dommages peuvent encodés via ce portail électronique.

Il est également possible d’obtenir certaines indemnisations liées aux dommages causés par les sangliers ici.

Article Notre Nature

Comment puis-je protéger mon jardin des sangliers ?

Fondation Forêt de Soignes, 13 décembre 2022

Cet article a été écrit sur base de la documentation des administrations régionales en charge de la forêt de Soignes et de contacts avec Bruxelles Environnement, Département de la Nature et des Forêts, Agentschap voor Natuur en Bos et de la Donation Royale

Photos par RCA pour Agentschap voor Natuur & Bos, Bart Swerts

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